Paul Eluard

Publié le par Odile Menant

Paul Eluard , poète dormant au milieu du souvenir ...

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Paul Éluard (de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel) est un poète français, né en 1895 ,  mort le  18 novembre 1952 .

Il choisit à l’âge de vingt et un ans, le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhéra au dadaïsme et fut l'un des piliers du surréalisme en ouvrant la voie à une action artistique engagée.

Compagnon du parti communiste , amoureux des femmes , à la mort de sa première compagne , il écrivit , ce qui - à mon sens - est le plus parfait des poèmes d'amour :

Ma morte vivante

Dans mon chagrin, rien n’est en mouvement
J’attends, personne ne viendra
Ni de jour, ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière
Ma bouche s’est séparée de ta bouche
Ma bouche s’est séparée du plaisir
Et du sens de l’amour, et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n’avanceront plus, il n’y a plus de route
Ils ne connaîtront plus mon poids, ni le repos

Il m’est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j’ai crue infinie

Et l’avenir mon seul espoir c’est mon tombeau
Pareil au tien, cerné d’un monde indifférent
J’étais si près de toi que j’ai froid près des autres.

Paul Éluard (1895-1952)

Cependant ... Si près des monuments commémoratifs des atrocités de la seconde guerre  , je souhaiterais rappeller un autre poème d'Eluard , écrit pour ces filles , ces filles de " peu de choses" qu'on tondit ... un peu vite ... Lors de la libération ...

Comprenne qui voudra 
Moi mon remord ce fut 
La malheureuse qui resta 
Sur le pavé 
La victime raisonnable 
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés
Une fille faite pour un bouquet 
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Ce poème - lors d'une conférence de presse en 1969  - Le Président de la République Georges POMPIDOU va le dédier à Gabrielle Russier qui vient de se suicider d'amour ( Professeur de 32 ans elle avait  été condamnée à 12 mois de prison pour avoir aimé un de ses élèves de 16 - Amour partagée et dont le jeune homme ne guérira jamais ) 

Elle aussi - est enterrée au père Lachaise ...
Et ce n'est pas de trop , d'évoquer deux fois les gens capables de mourir d'amour .

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